Charles Formosa

                   Marguerite DURAS

Il y a bien longtemps, mes "premiers pas" avec Marguerite DURAS ne furent pas concluants...

Comme pour Albert CAMUS, je crois que ces auteurs doivent être relus à un âge plus "avancé".

Trop jeune sans doute, "l'étranger" de CAMUS ne m'avait pas emballé... Aujourd'hui pour moi du moins, il s'agit d'un des plus beaux Romans du 20ème siècle.

Idem donc pour DURAS.

Je viens de passer 2011 avec elle... enfin avec ses oeuvres ou du moins une partie et je pense que son écriture est absolument remarquable et incomparable... Pénétrer l'univers de Marguerite Duras garantit de grands et beaux moments de lecture !

Née à Saïgon en 1914 (un an après CAMUS !), fille d'enseignants français expatriés, Marguerite DURAS va s'imprégner de cette vie d'Indochine où deux civilisations se confrontent en permanence. La mort prématurée de son père, la vie avec sa mère devenue quasiment folle va marquer la jeune adolescente en quête d'idéal. Son écriture est à la fois flamboyante et simple, précise et pourtant poétique... Enfin du DURAS quoi !!!

Contrairement à CAMUS que je citais plus haut, et chez qui l'écriture romanesque est restée constante du premier au dernier roman (Une Mort heureuse - jamais publié de son vivant - et Le premier homme), Chez Marguerite DURAS il y a une évolution de l'écriture sensible à partir de Moderato cantabile, Le ravissement de Lol V. Stein, etc.

Ses livres à consommer sans aucune modération :

• Les Impudents (1942)  son premier roman, très décrié et notamment par les éditions Denoël qui avaient cru bon de rajouter: "Vous ne serez jamais écrivain" !!!!.... L'écriture est ici il est vrai un peu trop académique. Des phrases parfois un peu longues, etc... Mais personnellement j'ai adoré. L'ambiance, les descriptions de la nature et le "cadre" Durassien mis en place, à savoir: La mère et les trois enfants, avec un aîné violent et voleur, le plus jeune très fragile, les problèmes d'argent ... Et la fille au milieu qui est "livrée" à un riche. Pendant des années M. Duras avait occulté ce livre de sa bibliographie, jusqu'en 1993 ou Gallimard l'a réédité... Un bijou !
• Un barrage contre le Pacifique, éd. Gallimard, 1950. (La véritable histoire de sa famille. Après avoir obtenu la concession d'une terre en Indochine qui apparaitra rapidement inondable et incultivable, la mère va s'entêter, jusqu'à en devenir folle, à construire d'improbables barrages... Absolument magnifique !!!)
• Le Marin de Gibraltar, éd. Gallimard, 1952. (Incroyable quête d'une richissime femme tout autour du monde !)
• Les Petits Chevaux de Tarquinia, éd. Gallimard, 1953.
• Des journées entières dans les arbres - Le Boa, Madame Dodin, Les Chantiers, éd. Gallimard, 1954.
• Moderato Cantabile, Les Éditions de Minuit, 1958.
• Dix heures et demie du soir en été, éd. Gallimard, 1960.
• L'Après-midi de Monsieur Andesmas (récit), éd. Gallimard, 1962³⁸.
• Le Ravissement de Lol V. Stein, éd. Gallimard, 1964.
• L'Homme assis dans le couloir (récit), Les Éditions de Minuit, 1980.
• L'amant Prix Goncourt en 1984, Prix Ritz-Paris-Hemingway en 1986. Contrairement au "Barrage contre le pacifique", l'amant est l'histoire romancée de sa vie, notamment pour ce qui concerne la rencontre avec le "chinois" qui aparaît ici moins sordide et beaucoup plus idéalisée. A la fin de sa vie, il semble bien que M.D. ne sache plus très bien ce qui a été réellement vécu et ce qui a été imaginé. Alternant à l'évidence les véritables souvenirs (par exemple les faits concernant son petit frère maltraité par le grand) et les fantasmes de la jeune amante...
• La douleur : L'attente de son mari déporté en Allemagne, et d'autres textes d'une grande violence dont l'aspect autobiographique largement confirmé, donne du personnage DURAS une toute autre facette...
• Sa biographie: "Marguerite DURAS" par Laure ADLER